Louis : entre souvenirs d'enfance, traumatisme de la Grande guerre et envies d'évasions

Louis Chadourne est briviste et restera attaché à ses souvenirs corréziens tout au long de sa vie. Son œuvre est principalement influencée par trois périodes de sa vie : son enfance, la guerre de 1914-1918 dont il sort blessé et traumatisé, ses voyages en Amérique latine et en Guyane.   

Louis Chadourne
Portrait de Louis Chadourne

Son enfance en Corrèze

Aîné de la fratrie Chadourne, il est né à Brive le 7 juin 1890.

En 1901, il entre au pensionnat des Jésuites de Sarlat, en Dordogne qu'il quitte l'année suivante pour le collège Saint Joseph à Périgueux. Plus jeune bachelier de France, il part au lycée à Paris, à Louis le Grand. Puis, il va à l'Université de Grenoble.  

 

Yvonne Daudy, épouse de Louis Chadourne, en novembre 1914
Yvonne Daudy en novembre 1914

 

 

 

A partir de 1910, il est nommé secrétaire de l'Institut français de Florence. Il est le plus jeune agrégé de France (Lettres et italien). En Italie, il lie de fortes amitiés avec Benjamin Crémieux et Valéry Larbaud. Il ne manque pas de retourner régulièrement en Corrèze, que ce soit dans la maison familiale de Brive ou la maison de vacances où il garde de beaux souvenirs, "la Maison du Bousquet", à Cublac. C'est d'ailleurs à Brive qu'il rencontre sa future femme : Yvonne Daudy. Ils se marient le 5 août 1913. 

La guerre 1914-1918

 

En août 1914, la Première guerre mondiale éclate : Louis est mobilisé dès le 5 août. Il est alors partagé entre deux sentiments :

  • l'inquiétude et le désarroi face à cette folie collective
  • l'enthousiasme face à l'union de tous ces hommes, toutes ces vie.

Il est d'abord attaché au régiment des chasseurs alpins de Draguignan, d'abord dans le 6e bataillon puis dans le 27e.

Le 11 mai 1915, Louis Chadourne est affecté au 27e bataillon des chasseurs.  

 

Le 16 juin 1915, en Alsace, il est enseveli lors de l'éboulement d'une tranchée lors de la bataille de Metzeral. Diagnostic : grave hémorragie méningée qui lui permet d'être réformé temporairement, soigné à Montpellier puis à Paris, dans la Maison de santé d'Auteuil (Villa Molière) aux côtés -il semblerait- de Guillaume Apollinaire.

On lui remet en 1916 la Croix de guerre avec étoile d'argent.

Louis Chadourne Officier interprète du Cabinet du Ministère 1917

Ne se remettant pas de sa blessure, il devient interprète au Ministère de la guerre en octobre 1916.

 

La guerre lui inspire notamment le poème de La Commémoration d'un mort de printemps en 1916 et la nouvelle Le conquérant du dernier jour.  

 

Cette même année il se sépare de son épouse, Yvonne Daudy.

 

Romancier et poète, il est également critique littéraire grâce au soutien de ses fidèles amis Benjamin Crémieux et Valéry Larbaud. Son travail de critique traduit son souci pour l'universalité, sa volonté de s'ouvrir sur le monde et de ne pas avoir de frontière de la pensée (*). Quant à ses œuvres elles traduisent à la fois …

  • son inquiétude permanente face à la brièveté et la fatalité de la vie, sa mélancolie
  • son besoin d'évasion, de dépaysement, de découverte du monde ou plutôt son souhait d'échapper à la réalité.

Ces deux sentiments sont caractéristiques de la jeune génération au sortir de la guerre. Cela cache aussi un "souhait de construire un monde neuf" et "l'instabilité du bonheur humain" (*).

* Louis Chadourne (1890-1925), thèse de littérature, Françoise Hye de Crom, 1970-71

L'après-guerre : les succès littéraires

Il profite de l'amélioration de sa santé pour voyager ; il part en expédition avec Jean Galmot dans des possessions françaises d'Amérique en 1919. Ces expéditions donnent suite à deux de ses chefs-d'œuvre :

  • Terre de Chanaan, 1921 (prix Corrard)
  • Le Pot au noir, 1923

Un autre de ces succès littéraires est L'inquiète adolescence publiée en 1920, roman psychologique et autobiographique dans lequel Louis Chadourne est incarné par le personnage de Paul Demurs. Cette œuvre est éliminée du prix Goncourt la même année mais il n'en reste pas moins au sommet de sa carrière d'auteur.

 

Ses projets de nouveaux voyages avec son jeune frère Paul sont bouleversés par la détérioration de son état de santé en 1922. Il coupe les liens avec ses amis et décède aux côtés de sa famille en 1925, à Ivry.